Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Napoléon 1er pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne.

Besoin stratégique de Napoléon

Napoléon avait besoin que l'Espagne soit gouvernée par des mains sûres et fermes pour assurer le succès de son expédition au Portugal et pour maintenir la guerre contre les Anglais. Charles IV, bien que son allié, était trop faible et trahi par son ministre Godoy. Napoléon, n'osant pas déposer Charles IV par la force, utilisa la ruse pour obtenir que Charles et son fils, le prince des Asturies, renoncent à leurs droits au trône. Napoléon, pensant avoir trouvé une solution moins brutale, hésitait encore sur la décision finale, envisagée sous plusieurs angles, y compris un mariage royal pour renforcer les liens avec la France.

L'illusion du soutien espagnol

Napoléon pensait que le peuple espagnol accueillerait favorablement un Bonaparte sur le trône. Murat, persuadé de cette acceptation, convainquit Napoléon que l'Espagne accueillerait un nouveau roi avec enthousiasme. Cependant, Napoléon sous-estimait la complexité et la profondeur des sentiments espagnols. Il croyait que ses réformes éclairées gagneraient le soutien populaire, mais il ignorait largement la culture et l'histoire espagnoles.

La révolte d'Aranjuez et ses conséquences

La tentative de fuite de Godoy et de la famille royale provoqua une émeute à Aranjuez, forçant Charles IV à abdiquer. Murat et Napoléon interprétèrent mal cet événement, croyant qu'il résolvait les problèmes, alors qu'il ne faisait que les aggraver. Napoléon choisit de se poser en arbitre, invitant Charles IV et Ferdinand à plaider leur cause auprès de lui. Cependant, l'émeute à Madrid le 2 mai 1808, réprimée brutalement par Murat, alimenta l'insurrection espagnole plutôt que de la calmer.

La réponse de Napoléon à la résistance espagnole

Face à une résistance inattendue et tenace, Napoléon augmenta ses troupes en Espagne et délégua Murat pour surveiller Charles IV et Godoy. Cependant, ses hésitations et ses précautions inutiles le rendirent suspect aux yeux des Espagnols. Malgré les assurances de Murat, l'accueil enthousiaste promis par ce dernier n'eut pas lieu. Au contraire, l'occupation française provoqua des murmures de mécontentement parmi le peuple espagnol.

La montée des tensions avec le clergé et l'aristocratie

Napoléon ne connaissait pas bien les Espagnols, ce qui le mena à croire que ses réformes seraient acceptées comme en Italie. Il pensait que l'abolition de la féodalité et de l'Inquisition gagnerait la faveur des Espagnols, mais il se trompait lourdement. Le clergé et l'aristocratie espagnols, maîtres de l'opinion publique, résistèrent fortement à ces changements.

Les erreurs de jugement et les illusions de Napoléon

Napoléon croyait que l'Espagne l'accueillerait comme un libérateur. Cependant, il ne comprenait pas la nature profonde de la résistance espagnole. Les Espagnols voyaient en Ferdinand VII un symbole de légitimité et de résistance contre l'occupant français. Napoléon, trompé par ses propres illusions et celles de Murat, ne put anticiper la réaction violente et généralisée du peuple espagnol.

L'échec de la stratégie de Napoléon

La défaite de Dupont à Baylen et la rébellion généralisée en Espagne marquèrent le début de l'effondrement de la stratégie de Napoléon dans la péninsule ibérique. La résistance espagnole, combinée aux interventions anglaises, transforma l'Espagne en un véritable cauchemar pour Napoléon, sapant ses efforts et détournant ses ressources militaires.

Napoléon, malgré ses calculs et ses manœuvres politiques, se trouva piégé dans une guerre de guérilla interminable. La campagne espagnole devint un boulet pour lui, montrant les limites de sa stratégie et préfigurant ses futures défaites.

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Illustration : La Chute et l'emprisonnement de Godoy, Prince de la Paix. Gravure de Francisco de Paula Marti et dessin de Zacarias Velazquez (1814)