Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur l’Histoire de la Grèce Ancienne pour découvrir les moments clés de cette période aux prémisses de l’histoire Européenne.
Expansion territoriale et fondations urbaines
Après des siècles de stagnation, la conquête d’Alexandre et l’action de ses successeurs projetèrent l’hellénisme jusqu’en Égypte, en Asie centrale et au Proche-Orient. Les rois macédoniens fondèrent de nombreuses villes — Alexandrie, Antioche, Pergame — centres urbains plus que ruraux, où Grecs, Macédoniens et populations locales cohabitaient. Cette colonisation, surtout militaire, différait de la Grande-Grèce ou de la Sicile d’autrefois : moins homogène, souvent perméable aux civilisations locales, elle donna naissance à la culture mixte et foisonnante dite « hellénistique ».
Puissance des royaumes et affaiblissement des cités
Les grands États hérités d’Alexandre — Macédoine, Égypte lagide, empire séleucide — dominaient par leur population, leurs ressources et leurs armées considérables. Face à eux, les cités grecques perdaient population, autonomie et patriotisme, à l’exception notable de Rhodes. Les ligues fédérales, comme celles d’Étolie et d’Achaïe, devinrent les dernières expressions de l’indépendance politique, mais leurs moyens restaient modestes face aux monarchies centralisées.
Monarchies absolues et culte royal
En Égypte et en Asie, les souverains adoptèrent un pouvoir absolu hérité des traditions orientales. Les cités conservaient leurs institutions locales mais perdaient toute influence sur la politique générale. Le culte royal, mêlant traditions grecques et orientales, fit du roi un dieu vivant, particulièrement chez les Ptolémées et les Séleucides, et devint un instrument d’administration.
Économie, commerce et monnaie
La conquête modifia profondément l’économie. En Grèce, la grande propriété se reconstitua, appauvrissant les campagnes. En Égypte et en Asie, domaines royaux et concessions à des vétérans stimulaient la production. L’industrie prospéra dans les nouveaux centres urbains, et le commerce s’étendit jusqu’à l’Inde et la Chine grâce aux routes et à la navigation améliorées. Les échanges monétaires s’intensifièrent, alimentés par les trésors perses conquis, tandis que banques privées et publiques développaient des formes avancées de crédit.
Un nouvel espace intellectuel et artistique
L’hellénisme effaça progressivement les particularismes linguistiques au profit de la koinè attique. Les contacts entre Grecs et Orientaux favorisèrent la diffusion de cultes étrangers et un cosmopolitisme religieux. Sur le plan scientifique, le IIIe siècle vit un essor exceptionnel : Musée et Bibliothèque d’Alexandrie, travaux d’Euclide, Archimède, Ératosthène. En philosophie, Épicure et Zénon posèrent les bases morales qui marqueront durablement le monde antique. L’art oratoire déclina, la tragédie s’éteignit, mais la comédie nouvelle de Ménandre triompha. La sculpture se tourna vers le portrait et la représentation individuelle, tandis que l’architecture et l’urbanisme se modernisaient.
Rivalités et recomposition politique
Au IIIe siècle, les luttes entre Macédoine, Égypte et Séleucides façonnèrent l’équilibre méditerranéen. Antigone Gonatas rétablit la puissance macédonienne mais dut faire face à l’influence égyptienne et à la montée des ligues fédérales. Les Ptolémées cherchèrent à empêcher toute hégémonie unique en Grèce. En Asie, l’empire séleucide, miné par les révoltes provinciales et les ambitions de Pergame, Bactriane et Parthie, perdit progressivement de vastes territoires.
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Illustration : Dionysos revient en Grèce après son voyage en Inde, 1625 environ, Pietro da Cortona, PHOTOGRAPHIE DE Scala, Florenca