Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur l’Histoire de la Grèce Ancienne pour découvrir les moments clés de cette période aux prémisses de l’histoire Européenne.
Les dernières ambitions de Sparte et la résurgence macédonienne
Au IIIe siècle av. J.-C., la Grèce connaît un fragile équilibre. Sparte, minée par la concentration des terres et la diminution du nombre de citoyens, tente des réformes agraires sous Agis IV puis Cléomène III, mêlant redistribution foncière et restauration des institutions lycurguéennes. Soutenue un temps par l’Égypte, elle affronte la Ligue achéenne menée par Aratos, lequel, pour contrer la menace spartiate, fait appel à Antigone Doson de Macédoine. La victoire macédonienne à Sellasie (221) rétablit l’influence d’Antigone, renforcée par une alliance fédérative regroupant plusieurs ligues grecques.
L’ascension de Philippe V et l’entrée en scène de Rome
À la mort d’Antigone, Philippe V hérite d’un royaume fort. Après des campagnes victorieuses contre les Étoliens et leurs alliés, il s’engage dans une politique méditerranéenne, conclut un traité avec Hannibal, et affronte Rome dans ce que l’on appellera plus tard la Première guerre de Macédoine. Malgré son activité militaire, l’équilibre demeure fragile. Rome, attentive aux ambitions macédoniennes et à l’alliance de Philippe avec Antiochos III, intervient aux côtés de Rhodes, Pergame et Athènes. La victoire romaine à Cynoscéphales (197) force Philippe à abandonner ses positions en Grèce, proclamée « libre » par Flamininus lors des jeux isthmiques (196).
Antiochos III et l’affrontement décisif avec Rome
Antiochos III, après avoir rétabli la puissance séleucide jusqu’en Bactriane, se heurte à Rome en Grèce en s’appuyant sur les Étoliens. Battu aux Thermopyles (191), il est poursuivi jusque dans ses possessions asiatiques, où la défaite de Magnésie (190) l’oblige à renoncer à l’Asie Mineure au profit de Pergame et Rhodes. Rome consolide alors un réseau d’alliés fidèles tout en évitant les annexions directes, préférant un contrôle diplomatique.
La chute de la Macédoine et l’effacement des royaumes grecs
Sous Persée, la Macédoine tente un dernier sursaut diplomatique et militaire, mais la défaite de Pydna (168) entraîne la suppression de la monarchie et le morcellement du royaume en quatre districts sous tutelle romaine. Les sanctions frappent aussi l’Épire, Rhodes et même Pergame, allié fidèle mais devenu encombrant. Les Ptolémées et Séleucides, affaiblis par les querelles dynastiques et les révoltes internes — notamment celle des Maccabées en Judée — voient leur influence décliner, tandis que Rome impose sa médiation et limite toute velléité d’expansion.
L’ultime révolte grecque et l’annexion progressive
En 146, la Macédoine est secouée par l’usurpateur Andriscos, rapidement vaincu par Metellus. La même année, la Ligue achéenne, en conflit avec Sparte et opposée aux diktats romains, affronte l’armée de Mummius : Corinthe est détruite, la Ligue dissoute. La Macédoine devient province romaine, bientôt suivie de la Grèce placée sous le contrôle du gouverneur macédonien.
L’Orient hellénistique sur la voie de la dépendance
La mort d’Attale III de Pergame (133) lègue son royaume à Rome, qui, après avoir écrasé la révolte d’Aristonicos, transforme la région en province. Les Séleucides perdent la Mésopotamie au profit des Parthes, subissent la révolte juive, et ne conservent qu’un État morcelé et affaibli. L’Égypte, minée par l’instabilité politique, maintient son intégrité grâce à une diplomatie habile, jusqu’à sa chute finale au temps d’Antoine et Cléopâtre.
L’aboutissement : la domination romaine
En moins de deux siècles, Rome passe d’une puissance occidentale peu concernée par l’Orient à l’arbitre incontournable du monde hellénique. Sans adopter immédiatement une politique d’annexion systématique, elle détruit les hégémonies locales, contrôle les alliances, et place sous sa protection ou sa tutelle l’ensemble des États grecs et orientaux. L’indépendance politique grecque s’efface devant une Pax Romana qui, si elle garantit la sécurité, marque la fin de l’histoire des États grecs libres.
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Illustration : Leonidas at Thermopylae, Jacques-Louis David, 1814, Louvre, Paris