Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Napoléon 1er pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne.
L'Établissement de l'Empire
De loin, l'établissement de l'Empire par Bonaparte peut sembler facile et naturel, comme si le fruit mûr était tombé dans la main du premier Consul. Cependant, de même qu'au 18 brumaire, il a fallu provoquer l'événement par le fer et verser du sang. Bonaparte, en politique comme en guerre, agissait toujours selon un système, préférant renoncer à un succès incertain que de se fier au hasard. Jusqu'ici, il n'a jamais commis de faute majeure, saisissant les occasions sans se hâter, ce qui explique son ascension continue. La rupture du traité d'Amiens et la guerre renaissante avec l'Angleterre allaient créer les circonstances par lesquelles il monterait encore plus haut qu'il n'était déjà.
L'Occasion Provoquée
L'occasion de devenir empereur lui fut fournie par ses adversaires. Sans les Anglais et les conspirateurs républicains et royalistes, il n'y aurait eu ni Empire ni empereur. Le Consulat à vie, avec la faculté pour le premier Consul de désigner son successeur, était un régime hybride, ni républicain ni monarchique. Les jacobins et la foule se sentaient humiliés par l'idée d'un trône. Les souvenirs de la Révolution étaient encore récents et vibrants. Des faits nouveaux auraient raison des sentiments et des préjugés.
La Guerre Inévitable
La rupture de la paix d'Amiens date du 16 mai 1803. Le sénatus-consulte du 18 mai 1804 confère au premier Consul la couronne impériale. Pendant ces douze mois, la création de la monarchie héréditaire ne fut pas une récompense mais une nécessité pour protéger la France. La guerre avec l'Angleterre renaissait, sans que Bonaparte ait livré de batailles. Sur le continent, l'Angleterre n'avait pas encore réussi à renouer une coalition. Bonaparte, avec la rapidité et la mobilité d'esprit qui le caractérisaient, accepta cette guerre comme une fatalité. La France reprenait la lutte sans enthousiasme, avec résignation, comprenant que c'était toujours la même guerre qui durait depuis 1792.
Les Conspirations
Le véritable état de guerre était à l'intérieur. Georges Cadoudal, conduit par un navire anglais, préparait l'assassinat ou l'enlèvement du premier Consul. La conspiration, rassemblant royalistes, jacobins et militaires républicains, visait à supprimer Bonaparte. Fouché, bien que tombé en disgrâce, avertissait : « L'air est plein de poignards ». Les conjurés, divers et motivés par la haine de Bonaparte, ne s'accordaient que pour le renverser.
L'Exécution du Duc d'Enghien
Le complot étant découvert, Bonaparte décida de frapper fort. La capture et l'exécution du duc d'Enghien furent décidées pour terroriser ses adversaires et consolider son pouvoir. Bonaparte accepta la pensée de ce crime comme un sacrifice nécessaire à sa sécurité et à sa grandeur. L'arrestation en territoire étranger fut décidée sans souci du droit des gens. Cambacérès, Lebrun, Régnier, Fouché et Talleyrand assistèrent au conseil où cette décision fut prise.
Les Répercussions Politiques
L'exécution du duc d'Enghien marqua un tournant. Bonaparte s'était « fait de la Convention », gagnant ainsi la confiance des révolutionnaires. Ce geste cruel et calculé rassura les partisans de la Révolution et fit taire les royalistes et les jacobins. L'événement précipita le rétablissement de la monarchie dans la personne de Napoléon Bonaparte.
L'Ascension au Pouvoir Impérial
Napoléon comprit que l'hérédité était nécessaire pour protéger son pouvoir. Le Sénat, constatant que la vie de Bonaparte était menacée, lui offrit la couronne. La monarchie napoléonienne, approuvée par la masse et légalisée, devint une réalité. L'Empire se forma dans un contexte de guerre et de conspirations, consolidant le pouvoir de Bonaparte et changeant la physionomie de l'Europe.
La Politique de Napoléon
Napoléon adapta ses politiques pour stabiliser son règne. Il créa des maréchaux, nomma des généraux et fonda une nouvelle noblesse impériale. Sa pensée dominante était de mettre du solide à la base de son aventure extraordinaire. Il expliqua à Las Cases qu'il jetait des ancres de salut pour fixer sa dynastie neuve. Son souci de stabilité et de légitimité se manifesta par des actions calculées et réfléchies.
Le Sacre et Ses Implications
Le sacre de Napoléon, loin d'être un acte de mégalomanie, visait à consolider son pouvoir et à obtenir l'absolution de l'Église. L'onction sacrée par le pape Pie VII légitimait son règne aux yeux des catholiques. En même temps, il resta fidèle à la Révolution en jurant de maintenir l'égalité, la liberté et la propriété des biens nationaux. Son serment de défendre l'intégrité du territoire de la République reflétait son engagement envers les conquêtes révolutionnaires.
L'Épilogue de la Montée en Puissance
Dans cette journée du 2 décembre 1804, à Notre-Dame, en grand costume d'apparat, le sceptre en main, déjà prêt pour l'immortalité, Napoléon eut son mot humain : « Joseph ! si notre père nous voyait ! » Minute d'émotion sans fadeur, rappel du passé, de l'étape prodigieuse, avec une pointe d'ironie. Le rythme précipité de sa fortune le voulait. Les jours lui étaient comptés, s'écoulant avec la rapidité d'un songe, dans une sorte d'impatience d'arriver plus vite à la catastrophe.
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Illustration : Le Sacre de Napoléon, Jacques-Louis David (1748–1825)