Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur l’histoire de la Gaule pour découvrir les moments clés de cette période aux origines de notre Histoire.
La Religion Impériale et ses Origines
L'Empire romain a vu la fondation d'une religion d'État qui a profondément influencé l'administration des provinces et des cités. La déification des empereurs, bien que surprenante pour nous aujourd'hui, s'inscrivait dans une vision du monde où la frontière entre l'humain et le divin était poreuse. Les Romains reconnaissaient en chaque homme un principe divin, et ce culte des ancêtres dans la famille se traduisait dans la cité par l'adoration du fondateur ou du héros. Ainsi, Rome et son Empereur, personnification suprême de la puissance, étaient déifiés, même de leur vivant.
Pour les Romains, aucun groupement politique ne pouvait exister sans une dimension religieuse. La religion impériale devint donc un élément central de la conquête romaine, rassemblant tous sous l'autorité de l'Empereur. Cette religion impériale, née en Orient, où la soumission aux monarques était déjà ancrée, se répandit progressivement en Grèce puis en Occident, répondant au besoin d'une autorité centralisée face à un monde fatigué des divisions.
Les Divi et l'Empereur Vivant
Il est essentiel de distinguer entre le culte rendu aux empereurs morts, les "Divi", et celui voué à l'Empereur vivant. À Rome, l'Empereur vivant n'était qu'un candidat à la divinité, n'accédant au statut de Divus qu'après sa mort, à la discrétion du Sénat. Cette apothéose servait au Sénat pour juger rétrospectivement le règne du souverain, l'honorant ou le condamnant.
Dans les provinces, cependant, le culte s'adressait directement à l'Empereur régnant, incarnant l'Empire, tandis qu'à Rome, on vénérait les empereurs divinisés. Auguste, en associant son culte à celui de la déesse Rome, soulignait que la vénération de l'Empereur était indissociable de celle de Rome.
La Religion Impériale en Occident
L'organisation du culte impérial variait d'une région à l'autre. En Orient, il s'adapta à des structures préexistantes, tandis qu'en Occident, il dut être créé de toutes pièces. Les Romains, maîtres des pays grecs, intégrèrent la nouvelle religion dans les confédérations politico-religieuses déjà existantes. En Occident, où les structures politiques étaient plus rudimentaires, la religion impériale s'implanta dans un territoire vierge, détaché des anciennes croyances nationales.
Contrairement à l'Orient, où les groupements traditionnels ne correspondaient pas aux divisions provinciales, en Occident, les circonscriptions religieuses et administratives furent harmonisées. En général, la Province devint le cadre de ces circonscriptions, avec le chef-lieu comme siège du culte.
La Religion Impériale en Gaule
La religion impériale s'installa rapidement en Gaule, dès l'an 12 avant J.-C., lors de la campagne de Drusus contre les Germains. Les notables gaulois, convoqués à Lyon, décidèrent de construire l'autel des trois Provinces, symbole de leur fidélité à Rome. Lyon devint ainsi le centre du culte impérial en Gaule.
D'autres temples furent érigés en Narbonnaise et dans les Alpes, mais c'est à Lyon que l'influence de ce culte fut la plus marquante. Rome réussit à éveiller chez les Gaulois un sentiment de solidarité en renforçant simultanément leur sujétion à l'Empire. L'autel de Lyon, installé sur un sol fédéral, appartenant à toutes les cités gauloises, devint le lieu de rassemblement annuel des députés des cités de la Lyonnaise, de l'Aquitaine et de la Belgique.
L'Assemblée des Trois Provinces
Chaque année, le 1er août, les représentants des cités gauloises se réunissaient autour de l'autel de Lyon. Nommés par le conseil des décurions, ils élisaient parmi eux un prêtre qui présidait les cérémonies religieuses. Cette prêtrise, bien que coûteuse, était très recherchée, car elle conférait un grand prestige.
Le titre de ce prêtre variait selon les régions, mais il s'appelait généralement Sacerdos ou Flamen, selon qu'il desservait une province ou une ville. Les assemblées provinciales, en plus de leur rôle religieux, devinrent progressivement des forums de discussion sur les intérêts communs des cités, renforçant ainsi l'unité de la Gaule sous la domination romaine.
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Illustration : La Mort de Tibère, Jean-Paul Laurens, 1864, Musée Paul-Dupuy, Toulouse