Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Henri IV pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne.

L'Apogée de la Ligue et son organisation fédérative

Au plus fort de son pouvoir, la Ligue catholique était une vaste fédération de provinces et de cités, unies par la foi et la défense de leurs intérêts. Paris en était le cœur battant, accueillant des troupes venues de toute la France pour soutenir la cause catholique. La ferveur religieuse et la solidarité municipale donnaient à la Ligue une force redoutable, visible notamment lors du siège de Pontoise, où les Lyonnais firent preuve d’une bravoure exemplaire.

L'Érosion du pouvoir de la Ligue : tensions et dissensions

Cependant, la Ligue s'affaiblit sous l'effet de dissensions internes. À Lyon, un changement de dynamique permit à la bourgeoisie de prendre le dessus sur le peuple, instaurant un désir de négociation plutôt que de guerre. Cette tendance se répandit dans d'autres provinces, affaiblissant l'Union catholique. À Paris, la contre-révolution municipale s'était retournée contre les quarteniers radicaux, marquant un recul du pouvoir populaire.

L’Espagne et le soutien vacillant à la Ligue

Face à l’avancée de Henri IV et à la montée des tensions locales, la Ligue fit appel au soutien espagnol. Marseille, Aix, Arles et d’autres cités sollicitèrent Philippe II pour des renforts militaires et alimentaires. Les demandes d’appui financier et militaire se multiplièrent, révélant une dépendance croissante à la monarchie espagnole. Toutefois, Philippe II hésita à investir davantage, soucieux des risques de voir ses ressources gaspillées dans une guerre qui semblait tourner en faveur de Henri IV.

La montée de la bourgeoisie et la bascule vers Henri IV

Alors que le parlement de Paris prenait de plus en plus d’indépendance vis-à-vis de la Ligue, la bourgeoisie parisienne se rapprochait du roi de Navarre. À la faveur de discussions secrètes organisées chez l’abbé de Sainte-Geneviève, les notables s’accordèrent sur un plan visant à réintégrer Henri IV dans le jeu politique. Le Parlement, jusque-là sous la coupe de la Ligue, prononça un arrêt ordonnant la reconnaissance de Henri IV comme roi légitime, un tournant majeur dans la chute de l’Union catholique.

La trahison de Brissac et la chute de Paris

Dans un climat de trahisons et de négociations souterraines, le gouverneur de Paris, Charles de Cossé-Brissac, se laissa convaincre par Henri IV. En échange d’une somme d’argent et du titre de maréchal de France, il organisa la reddition de la ville. Dans la nuit du 21 au 22 mars 1594, les portes de Paris furent ouvertes aux troupes royales, qui entrèrent sans grande résistance. Henri IV, jusque-là tenu à l’écart de la capitale ligueuse, s’installa au Louvre, consacrant la victoire de la monarchie bourbonienne sur la Ligue.

Les conséquences : la fin de la Ligue et la pacification du royaume

L’entrée de Henri IV dans Paris marqua la fin de la Ligue en tant que force politique et militaire. L’Espagne, voyant ses espoirs de contrôle sur la France s’effondrer, se retira progressivement du conflit. Philippe II, informé du basculement de Paris, comprit que son soutien à la Ligue ne mènerait plus qu’à des pertes inutiles. La pacification du royaume s’accéléra, et Henri IV put désormais consacrer ses efforts à la réconciliation nationale, à travers notamment l’édit de Nantes en 1598.

Ainsi, la Ligue, autrefois si puissante, se désagrégea sous l’effet des divisions internes, des trahisons et du réalisme politique des élites urbaines. Paris, centre du pouvoir et de la foi, fut le théâtre final de cet affrontement, offrant la couronne de France à Henri IV et enterrant définitivement l’ère des ligueurs.

Illustration : Nicolas Baullery, Abjuration Henri IV musée d'art et d'histoire de Meudon