Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Henri IV pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne.
L'Entrée de Henri IV dans Paris
Henri IV, après de longues années de guerre et de division, fit son entrée dans Paris, ville alors dominée par la Ligue catholique. Le roi béarnais, vêtu de son armure et chevauchant un destrier caparaçonné de fer, se présenta au peuple dans une solennelle cérémonie à Notre-Dame. Pourtant, la mémoire des conflits passés hantait encore les esprits : la Saint-Barthélemy, la paix de 1572, et les affrontements entre catholiques et huguenots étaient encore vivaces.
Des signes de résistance persistaient. Un homme refusa de saluer le roi à son passage, un autre osa le traiter de « chien ». Pourtant, Henri IV n'était plus seulement le roi des protestants ; il s'était converti au catholicisme, chantant le Te Deum avec les prêtres et promettant amnistie et privilèges aux Parisiens. Mais si certains bourgeois tentaient de rallier le peuple à son souverain, la majorité restait méfiante : pour beaucoup, Henri IV était encore un usurpateur, un chef militaire imposé par surprise.
La Réorganisation du Pouvoir Municipal
Malgré ces tensions, l'hôtel de ville de Paris manifesta sa satisfaction à l'entrée du roi. Les échevins offrirent à Henri IV des confiseries et du vin, auxquels il répondit avec humour : « Hier, j’ai reçu vos cœurs, aujourd'hui, vos confitures ».
Mais cette adhésion apparente ne suffisait pas : il fallait asseoir son autorité sur les institutions. Il réforma le Parlement de Paris en y réintégrant les magistrats fidèles à la couronne et en dissolvant le Parlement de Tours. Il restructura également le conseil municipal, écartant les anciens partisans de la Ligue. La Sorbonne, autrefois farouche opposante au Béarnais, publia une déclaration reconnaissant Henri IV comme roi légitime.
La Propagande au Service du Roi
Henri IV ne se contenta pas d'actions politiques. Pour rallier le peuple, il encouragea la production de pamphlets et caricatures ridiculisant la Ligue. L'une d'elles, Le Pourparler du Manant et du Maheutre, représentait la Ligue sous les traits d'une femme s'enfuyant de Paris, poursuivie par des chiens enragés. Les gravures le montraient sous les traits de héros mythologiques, comme Persée sauvant la France-Andromède des griffes du monstre de la Ligue.
Une Pacification Militaire et Politique
Afin de garantir sa domination, Henri IV prit des mesures militaires. La Bastille, dernier bastion ligueur, fut assiégée et contrainte à la reddition. Il ordonna aussi l'exil des prédicateurs radicaux et des anciens chefs de la Ligue, une sanction relativement douce qui évitait de nouveaux soulèvements.
Les provinces étaient encore divisées. Toulouse et d'autres villes du sud restaient fidèles à la Sainte-Union, tandis que Paris tentait de convaincre les autres cités de se rallier au roi. Une lettre du conseil municipal de Paris exhortait les villes fidèles à la Ligue à reconnaître Henri IV et à ne pas se laisser asservir par les Espagnols.
La Réduction de la Ligue et la Fin de la Guerre
Pour éteindre définitivement la Ligue, Henri IV adopta une stratégie double : la force et la corruption. Il acheta des chefs ligueurs comme Brancas de Villars à Rouen, leur promettant titres et récompenses. Peu à peu, les dernières villes tombèrent sous son autorité.
En revanche, la Ligue, affaiblie, se divisa. Le duc de Mayenne était dénoncé par l'ambassadeur espagnol pour son manque d'efficacité. Lorsque Henri IV intercepta une lettre du duc de Feria critiquant Mayenne, il la lui envoya pour semer la discorde. Offensé, Mayenne défia Feria en duel et, désabusé, finit par négocier avec le roi.
Vers un Règne Apaisé
La Ligue en déroute, la guerre contre l'Espagne se déplaça en Picardie. Henri IV, maître de Paris et soutenu par le Parlement et la Sorbonne, prépara la fin du conflit. L'opinion publique se retournait contre l'occupation espagnole, préparant le terrain pour l'édit de Nantes et la pacification du royaume.
Illustration : Entrée de Henir IV dans Paris le 22 mars 1594
