Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Henri IV pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne.
Une Entrée Sous Haute Tension
Lorsque Henri IV entre à Paris en 1594, il se veut conciliant. Seules quelques mesures d’exil et de police marquent son arrivée. Pourtant, il ne tarde pas à imposer de nouveaux impôts, notamment sur le vin et le blé, ce qui alimente le mécontentement populaire. Dans la capitale, la présence des soldats huguenots et béarnais suscite la colère des Parisiens catholiques, qui les accusent de piller l’économie et d’ignorer les traditions religieuses. La haine envers Henri IV se cristallise autour de son image de « roi des impôts » et de « seigneur de la gabelle ».
Privation de Libertés et Frustration Populaire
La défiance du peuple ne s’arrête pas aux questions économiques. Le roi s’attaque aussi aux privilèges municipaux. L’élection des échevins est supprimée et remplacée par des nominations royales, brisant ainsi la tradition démocratique locale. Cette décision est perçue comme une provocation, surtout lorsqu’elle est annoncée un 24 août, jour de la Saint-Barthélemy. De plus, la haine entre catholiques et royalistes ne faiblit pas : les huguenots souhaitent punir leurs anciens persécuteurs, tandis que les ligueurs rêvent d’une revanche. Cette tension atteint son paroxysme avec une tentative d’assassinat contre le roi.
L’Attentat de Jean Châtel : Un Prétexte à la Répression
Le 7 décembre 1594, Jean Châtel, un jeune étudiant influencé par les jésuites, tente d’assassiner Henri IV en lui portant un coup de couteau à la bouche. Si le roi s’en tire avec une simple blessure, l’incident est exploité par les autorités pour accuser les jésuites de complot. Le Parlement, hostile à l’ordre religieux, saisit cette occasion pour frapper fort : Châtel est exécuté, les jésuites sont expulsés et leurs biens confisqués. Cette répression radicale marque une victoire pour les parlementaires, désireux de limiter l’influence de la Ligue et de Rome.
Guerre Contre l’Espagne et Rapprochement avec Rome
Henri IV comprend vite qu’il doit asseoir son autorité en obtenant le soutien du pape. Pour cela, il engage des négociations avec Rome, tout en préparant une guerre contre l’Espagne, alliée de la Ligue. Il négocie avec les princes germaniques et la reine d’Angleterre, qui pousse à une intervention militaire. Les négociations avec le Vatican aboutissent en 1595 : le pape Clément VIII accorde l’absolution au roi, consolidant son image de souverain catholique légitime. Cette reconnaissance papale prive la Ligue de son principal argument contre Henri IV.
Ralliements et Soumissions : Un Royaume à Reconstruire
Peu à peu, les anciens ligueurs se rallient au roi. Henri IV leur accorde des privilèges considérables : charges militaires, pensions généreuses, gouvernements de provinces. En 1598, la Bretagne et la Provence, bastions ligueurs, tombent sous son contrôle grâce à une combinaison de trahisons et de négociations. L’Edit de Nantes, la même année, établit une tolérance relative entre catholiques et protestants, pacifiant temporairement le royaume.
Une Restauration Fragile et Contestée
Malgré ces succès, Henri IV reste impopulaire. La pression fiscale, la censure des prédicateurs, la répression des pamphlets et l’ingérence royale dans les affaires municipales alimentent un profond mécontentement. Les Parisiens se lamentent des malheurs de la guerre et des restrictions économiques. Les complots contre Henri IV se multiplient, et son autorité reste fragile.
En consolidant son règne à coups de négociations, d’alliances et de concessions, Henri IV parvient à stabiliser la France. Cependant, cette restauration s’accompagne d’un climat de tensions et de sacrifices, laissant une société divisée entre soumission et ressentiment.
Illustration : Couronnement de Marie de Médicis le 13 mai 1610
