Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Henri IV pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne.
La Guerre contre l'Espagne : Un Conflit Inégal
Henri IV, roi de France et de Navarre, déclara la guerre à Philippe II d'Espagne, invoquant les anciens différends entre les maisons de Bourbon et d'Espagne, ainsi que les dissensions civiles attisées par cette dernière. Face à la puissance militaire espagnole, qui menaçait la France depuis la Flandre, la Bourgogne, les Pyrénées et la Bretagne, Henri IV devait compenser l'infériorité numérique de ses troupes par des alliances internationales.
Le Soutien de l'Angleterre et des Provinces-Unies
Depuis sa jeunesse, Henri IV bénéficiait du soutien d'Élisabeth d'Angleterre, qui lui fournissait subsides et régiments composés d'Écossais, d'Anglais et même d'Irlandais. Bien que sa conversion au catholicisme ait quelque peu refroidi leurs relations, les intérêts communs des deux nations face à l'Espagne maintinrent leur alliance. L'Angleterre ne pouvait tolérer une domination espagnole en Flandre, qui aurait menacé le contrôle du détroit de Calais.
Parallèlement, les Provinces-Unies (Pays-Bas hollandais), sous la conduite de la maison d'Orange, constituaient une diversion significative pour l'Espagne. Engagés dans leur propre lutte pour l'indépendance, ils employaient des régiments français et voyaient leurs marins et mercenaires allemands avancer en Flandre espagnole. Leur engagement allégeait la pression sur la France en détournant une partie des forces espagnoles.
Les Princes Réformés d'Allemagne et les Cantons Suisses
Les princes protestants allemands, animés par une hostilité religieuse envers la maison d'Autriche, apportèrent également leur soutien à Henri IV. Cependant, leurs motivations étaient souvent financières, les mercenaires allemands (reîtres et lansquenets) se battant pour quiconque les payait généreusement, indépendamment des convictions religieuses. Ainsi, ils pouvaient servir simultanément les Pays-Bas, l'Espagne ou la France.
Les cantons suisses, notamment Genève, bien que déçus par la conversion d'Henri IV au catholicisme, comprenaient que son soutien était crucial pour contrer les ambitions de la Savoie. Une victoire catholique aurait pu entraîner l'annexion de Genève par la Savoie, compromettant son indépendance et sa liberté religieuse.
La Supériorité Militaire Espagnole et la Prise d'Amiens
Malgré ces alliances, l'Espagne restait une puissance redoutable, contrôlant quatorze royaumes et provinces, ainsi que des forces aguerries provenant de Naples, de Sicile et de Parme. Grâce à la Franche-Comté et à la Savoie, l'Espagne maintenait une liaison avec ses possessions des Pays-Bas, encerclant la France d'une barrière militaire.
Cette supériorité se manifesta lors de la prise d'Amiens en mars 1597. Le capitaine espagnol Hernando Tello réussit une ruse audacieuse en déguisant ses soldats en marchands, surprenant ainsi la garnison française pendant que les habitants assistaient à la messe. Cette capture stratégique démontra la vulnérabilité de la France face aux offensives espagnoles.
Le Siège d'Amiens et la Résilience Française
En réponse, Henri IV mobilisa une armée diversifiée, incluant des contingents anglais, écossais et des régiments français fidèles. Le siège d'Amiens fut marqué par une organisation exemplaire, les différents régiments établissant des camps bien structurés autour de la ville assiégée. Malgré la défense héroïque de Tello, qui périt lors des combats, la ville fut finalement reprise par les forces royales françaises.
Vers la Paix de Vervins
La reprise d'Amiens affaiblit la position espagnole et ouvrit la voie à des négociations de paix. Fatiguées par des années de conflit, les deux nations, sous la médiation du pape Clément VIII, aboutirent à la Paix de Vervins en 1598. Ce traité permit à la France de récupérer plusieurs territoires occupés et de réaffirmer son autorité, tout en mettant fin à une période prolongée de guerres civiles et étrangères.
Ainsi, grâce à une diplomatie habile et à des alliances stratégiques, Henri IV parvint à restaurer la stabilité et l'intégrité territoriale de la France face à la menace espagnole.
Illustration : L'Apothéose d'Henri IV et la proclamation de la régence de Marie de Médicis, le 14 mai 1610, Rubens Pierre Paul