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Henri IV 4/13 - Henri IV et la conversion politique : un trône sous condition

Henri IV 4/13 - Henri IV et la conversion politique : un trône sous condition

Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Henri IV pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne

La naissance d'un tiers-parti

Après la mort d'Henri III, la France se déchire entre la Ligue catholique et les partisans d'Henri de Navarre. Un tiers-parti émerge à Paris et dans certaines villes, préconisant une solution négociée pour mettre fin aux guerres civiles. Son idée principale repose sur l'exclusion du huguenot Henri de Navarre du trône tant qu'il ne renoncera pas à son hérésie. Cependant, la conversion de ce dernier pourrait permettre de concilier le respect des principes successoraux avec l'exigence d'un roi catholique.

Le tiers-parti trouve des représentants dans tous les milieux politiques : le duc de Nevers, homme modéré et opportuniste ; Biron, chef des royalistes alliés à Henri de Navarre, cherchant à valoriser ses compagnons d'armes ; et Villeroy, ministre agile jouant sur tous les tableaux. Charles X, roi fragile, semble prêt à reconnaître son neveu Henri de Navarre à condition qu'il se convertisse au catholicisme.

La résistance populaire et l'exaltation religieuse

Face à ces négociations, le parti populaire, fer de lance de la Ligue, refuse toute transaction. Les ligueurs voient dans l'armée d'Henri de Navarre une menace mortelle contre les libertés municipales et la foi catholique. Des pamphlets et libelles attaquent l'hérétique béarnais, rappelant ses excommunications et son statut de relaps.

La Sorbonne, sous pression des ligueurs, proclame qu'aucun catholique ne peut reconnaître pour roi un hérétique, encore moins un renégat. Le conseil des seize quarteniers, qui gouverne Paris dans l'ombre de la Ligue, orchestre une campagne de terreur contre les modérés. L'arrivée du légat du pape et du duc de Feria, représentant Philippe II d'Espagne, renforce l'espoir d'une intervention étrangère pour préserver l'Union catholique.

Le siège de Paris : la stratégie du blocus

Henri de Navarre, fort de sa victoire à Ivry, assiège Paris pour contraindre ses habitants à la reddition. Le blocus affame la population, qui subit de plein fouet la pénurie alimentaire. Le tiers-parti voit dans cette souffrance un moyen de pousser à la négociation, mais le peuple et les ligueurs s'organisent pour résister.

Les Espagnols envoient finalement le duc de Parme, stratège redoutable, qui délivre Paris par une habile manœuvre militaire. Le ravitaillement est rétabli, renforçant la détermination des ligueurs et marginalisant le tiers-parti. Philippe II est encouragé à revendiquer la couronne française pour sa fille, consolidant ainsi l'influence espagnole.

La purge des modérés

Le climat de radicalisation atteint son paroxysme avec l'élimination des parlementaires suspectés de trahison. Brisson, Larcher et Tardif sont pendus, symbolisant la prise de pouvoir des extrémistes. Le conseil des Dix, véritable comité de salut public, confisque les biens des modérés et interdit toute négociation avec le Béarnais.

Cependant, cette radicalisation inquiète la bourgeoisie, qui souhaite un retour à l'ordre. Le duc de Mayenne, jusque-là prudent, reprend le contrôle de la situation. Il fait exécuter les chefs extrémistes et rétablit un gouvernement plus modéré, marquant le début d'une contre-révolution.

Le triomphe du pragmatisme

Avec la pacification progressive de Paris, le terrain devient propice à la conversion d'Henri de Navarre. Le retour des modérés au pouvoir annonce l'échec des ligueurs et l'acceptation de la réalité politique : la France a besoin d'un roi. Henri IV, pragmatique, abjure le protestantisme en 1593, scellant ainsi son accession au trône.

Le dénouement de cette crise montre comment les factions extrémistes finissent souvent par être écartées au profit d'un compromis. La Ligue, malgré son fervent dévouement, ne pouvait lutter contre la légitimité dynastique et le pragmatisme politique. Paris, après des années de troubles, finit par s'incliner devant un Henri IV converti, qui résoudra la crise en prononçant son fameux : "Paris vaut bien une messe".

Illustration : L'entrée d'Henri IV à Libourne après la bataille de Coutras

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