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Henri IV 3/13 - La fureur de Paris : la mort des Guise et la révolte catholique

Henri IV 3/13 - La fureur de Paris : la mort des Guise et la révolte catholique

Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur la vie de Henri IV pour découvrir les moments clés de son ascension et de son règne. 

Une nouvelle foudroyante

La nouvelle du coup d'état de Blois et de l'exécution brutale du duc et du cardinal de Guise parvint à Paris comme un ouragan. Un messager, habillé de noir, parcourait les rues en clamant le funeste événement, semant stupeur et colère dans la population. Le soir même, le bureau municipal s'empressa d'écrire à la famille de Guise et aux grandes villes du royaume pour les alerter de cette trahison. La fureur s'empara du peuple, les halles et les quartiers populaires s'embrasèrent, et la ville s'organisa en une véritable citadelle de révolte.

La colère des Parisiens

Dès l'annonce du meurtre, Paris fut plongé dans une agitation fiévreuse. Des messes funéraires furent organisées à Notre-Dame et les églises devinrent le théâtre d'harangues enflammées. Le docteur Lincestre proclama publiquement que Henri III, assimilé à Hérode, n'était plus roi, ce qui déclencha une vague de fureur populaire. Le peuple arracha les armoiries royales des églises et les piétina avec rage. Des images représentant les corps mutilés des Guise circulèrent, alimentant encore davantage l'indignation.

La formation d'un gouvernement insurrectionnel

Face à cette crise, plusieurs pouvoirs se disputèrent l'autorité à Paris. Le conseil municipal, dirigé par des échevins catholiques, tenta de maintenir un semblant d'ordre. Mais les Seize quarteniers, soutenus par la population en armes, imposèrent leur volonté. Leur chef, Jean Leclerc, multiplia les arrestations et fit incarcérer les magistrats fidèles au roi.

Au sommet de cette rébellion, le Conseil de l'Union catholique prit officiellement le pouvoir, déclarant la déchéance de Henri III et interdisant toute présence royale dans les messes et les actes officiels. Les villes de province furent appelées à rejoindre l'insurrection, et nombre d'entre elles, de Lyon à Marseille, adoptèrent rapidement la cause de la Ligue.

L'épuration du parlement

Le 16 janvier 1589, Jean Leclerc dirigea une action spectaculaire : l'arrestation en masse des magistrats soupçonnés de sympathie royaliste. En plein parlement, armés et déterminés, lui et ses hommes emmenèrent de force les présidents et conseillers à la Bastille sous les huées de la foule. Le parlement, purgé de ses éléments modérés, se rallia à la Ligue et édicta des lois favorisant le soulèvement.

La Sorbonne proclame la déchéance du roi

Le clergé parisien, guidé par la Sorbonne, publia une déclaration historique : le peuple était officiellement délié de son serment d'allégeance à Henri III. Cette proclamation fut accueillie par des cris de joie et des processions ferventes. Le tyran était excommunié par le peuple et par Dieu. Dès lors, la Ligue se considéra comme le seul pouvoir légitime.

L'organisation militaire et la terreur politique

Paris se prépara à la guerre. Des barricades furent érigées, les armes distribuées, et des lois martiales instaurées. Les nobles et bourgeois suspectés d'intelligence avec le roi furent arrêtés. La terreur s'intensifia : on réprima violemment toute tentative de conciliation avec la monarchie.

En réponse, Henri III, isolé et sans appui catholique, s'allia avec Henri de Navarre, le chef protestant. Ce pacte entre le roi et les huguenots fit basculer définitivement l'opinion catholique contre lui. La guerre entre Paris et la couronne était inévitable.

Vers un affrontement final

L'Union catholique était prête à tout pour renverser Henri III. La ville en armes attendait l'affrontement. Dans les prédications, dans les rues, partout s'élevait une haine implacable contre le "Néron de France". Le régime ligueur de Paris était en place, prêt à mener la guerre sainte contre la tyrannie.

Le Roi Exécré par la Ligue

Les prédicateurs parisiens ne mâchent pas leurs mots : Henri III est vilipendé dans les chaires des églises, présenté comme un tyran impie et traître. Le feu de la révolte gronde dans les sermons. Boucher l’accuse d’être un monstre hybride, un roi déguisé en Turc et en Allemand, un suppôt de Satan. Lincestre, lors du mercredi des Cendres, ne prêche pas l’Évangile mais les abominations du roi, prétendant qu’il invoque le diable. Des preuves ? Un chandelier royal orné de satyres devient l’objet de la suspicion : « Ce sont les démons du roi ! » hurlent les foules en délire. L’effigie du roi est souillée et mutilée par les moines eux-mêmes. À Paris, le peuple ne voit en lui qu’un ennemi à abattre.

Les Batailles de Henri III et de Navarre

Tandis que la Ligue catholique s’embrase contre lui, Henri III et Henri de Navarre, unis dans une alliance contre nature, affrontent les forces ligueuses. Mayenne tente un coup de force à Tours, mais le roi, animé d’un dernier sursaut d’ardeur guerrière, le repousse. Les royalistes enchaînent les victoires en Normandie et en Picardie, consolidant leur position. Les armées du roi et de Navarre, bien équipées et disciplinées, se retrouvent à Saint-Cloud, aux portes de Paris. Mais pour Henri III, la capitale ne lui appartient plus : elle est le cœur battant de la Ligue, une ville rebelle qu’il menace de réduire en cendres. « Paris a besoin d’une saignée ! » s’exclame-t-il, rêvant d’un châtiment exemplaire.

Le Complot : Un Tyran Doit Mourir

La haine populaire trouve bientôt un bras armé. Depuis la mort des Guise, des jeunes ligueurs forment une société secrète, convaincus que l’assassinat du roi est un devoir sacré. Jacques Clément, moine dominicain exalté, reçoit en rêve l’ordre divin de tuer le tyran. Il se confesse, jeûne et prie, puis se procure un couteau acéré. Avec l’appui discret de religieux complices, il obtient audience auprès du roi. Le 1er août 1589, profitant de l’inattention du souverain, il lui enfonce son arme dans le ventre. Henri III, mortellement blessé, hurle : « Ha ! Le méchant moine ! Il m’a tué ! » Le dominicain est aussitôt massacré par la garde.

Les Derniers Instants de Henri III

D’abord convaincu de survivre, Henri III dicte des lettres rassurantes à sa femme et à ses alliés. Mais bientôt, l’infection se propage. Sur son lit de mort, il se confesse, communie et pardonne à ses ennemis, espérant sauver son âme. Son entourage s’empresse de sceller un procès-verbal de sa fin chrétienne, afin d’éviter que sa mémoire ne soit maudite par l’Église. À trente-sept ans, le dernier des Valois expire dans l’amertume et le désaveu. Son règne, marqué par la Saint-Barthélemy, les intrigues et la décadence, s’achève sous le couteau d’un fanatique.

Le Martyre du Moine : Clément Sanctifié

À Paris, l’assassin devient un héros. La Ligue exalte son acte, le compare à Judith tranchant la tête d’Holopherne. Les prédicateurs proclament sa sainteté, et des pamphlets louent son courage. Des chansons populaires le célèbrent comme un envoyé du ciel. Les imprimeurs parisiens diffusent son image, tandis que les églises font chanter des messes en son honneur. L’assassinat d’Henri III est présenté comme un miracle, une délivrance divine.

Le Trône en Suspens : Entre Navarre et la Ligue

À la mort de Henri III, la succession devient un enjeu brûlant. La Ligue rejette Henri de Navarre, hérétique excommunié, et proclame roi le cardinal de Bourbon sous le nom de Charles X. Philippe II d’Espagne, qui rêve d’imposer son influence sur la France, soutient cette alternative. Mais Henri IV, héritier légitime, refuse de renoncer. Il jure de maintenir la religion catholique tout en défendant ses droits, lançant un appel à la loyauté des seigneurs et des villes.

La Guerre : Navarre Contre la Ligue

Privé de l’appui de nombreux royalistes catholiques, Henri IV doit reconquérir son royaume par les armes. Il s’allie à l’Angleterre d’Elisabeth et obtient des renforts allemands. De son côté, Mayenne tente de rallier les forces de la Ligue et les appuis espagnols. La campagne de 1590 s’ouvre par la bataille d’Arques, où Henri IV repousse Mayenne. Puis vient Ivry, où, malgré l’infériorité numérique, le Béarnais écrase les Ligueurs. Son panache blanc flotte au-dessus des combats, et ses cavaliers huguenots brisent les lignes ennemies.

Paris Assiégé : La Ligue à l’Agonie

Forte de ses victoires, l’armée royale marche sur Paris. Henri IV tente d’y pénétrer, mais la ville, galvanisée par la haine des huguenots, résiste farouchement. Le Conseil de l’Union organise la défense, mobilise les milices et impose des sacrifices aux habitants. L’argent manque, les soldats souffrent, mais Paris tient bon. La famine s’installe, transformant la ville en un théâtre de désolation.

Un Royaume à Reconquérir

Henri IV sait qu’il ne peut prendre Paris par la force : il doit gagner les esprits. Il multiplie les déclarations conciliantes, promettant de protéger la foi catholique et de gouverner avec sagesse. Finalement, en 1593, il fait l’impensable : il abjure le protestantisme. L’année suivante, Paris ouvre ses portes, et Henri IV est couronné à Chartres. La Ligue s’effondre, et la France entre dans une nouvelle ère.

Henri III est mort sous les coups d’un fanatique, mais son assassinat n’a pas sauvé la Ligue. Au contraire, il a pavé la voie au triomphe d’Henri IV, ce roi pragmatique qui finira par réunifier la France.

Illustration : Sonia DARTHOU, « Henri IV terrassant l’hydre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/02/2025. URL : https://histoire-image.org/etudes/henri-iv-terrassant-hydre

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