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Les guerres de religion, un écho européen

Les soulèvements populaires et les transactions politiques qui marquèrent les guerres civiles en Europe étaient souvent liés à des événements extérieurs. Le catholicisme et la Réforme structuraient les alliances et donnaient aux conflits une dimension continentale. Ainsi, la mort du duc d’Anjou, après sa désastreuse campagne aux Pays-Bas, entraîna la maison de Nassau dans l’orbite anglaise, sous la protection d’Élisabeth Iʳᵉ.

Le comte de Leicester, favori d’Élisabeth, fut envoyé aux Pays-Bas avec des forces anglaises. Ambitieux, il tenta de s’imposer en Flandre, malgré la prudence d’Élisabeth. Mais cette intervention provoqua une riposte implacable de Philippe II d’Espagne, qui entreprit de lever une immense flotte, la redoutable Armada, pour écraser l’Angleterre protestante et rétablir le catholicisme.

Le complot catholique et l’exécution de Marie Stuart

Ce projet espagnol s’inscrivait dans un vaste complot catholique, impliquant la Ligue française et l’Union écossaise. Marie Stuart, reine d’Écosse, correspondait secrètement avec Philippe II et l’ambassadeur espagnol à Paris, espérant sa libération et le triomphe du catholicisme. Prête à renier son fils Jacques VI s’il persistait dans l’hérésie, elle lia son sort à la cause espagnole.

Mais Élisabeth, mise au courant du complot, fit juger et exécuter Marie Stuart en 1587. Ce geste provoqua l’indignation des catholiques européens, renforçant la détermination de Philippe II. L’Angleterre trembla devant la menace de l’Armada, tandis que la flotte espagnole s’armait dans tous les ports de l’empire ibérique.

La déroute de l’Armada et le basculement des forces

Lorsque l’Armada leva l’ancre en 1588, l’Angleterre redoutait une invasion imminente. Toutefois, les vents contraires et les manœuvres habiles de l’amiral Drake infligèrent une lourde défaite aux Espagnols. Les navires, désorganisés, furent poursuivis jusqu’en Écosse et subirent un naufrage dévastateur. La perte de cette flotte marqua un tournant : l’Espagne perdit son hégémonie navale, tandis que l’Angleterre et les Provinces-Unies affermissaient leur position en Europe.

La Ligue catholique et la crise française

Pendant ce temps, en France, la Ligue catholique consolidait son emprise. Le duc de Guise, héros du parti catholique, contrôlait les états généraux convoqués à Blois en 1588. Henri III, méfiant, tenta de contenir son influence, mais les députés soutenaient largement la cause de la Ligue.

Craignant pour son pouvoir, Henri III prépara un coup d’État : en décembre 1588, il fit assassiner le duc de Guise dans son propre palais. Le lendemain, son frère, le cardinal de Lorraine, fut à son tour exécuté. La couronne espérait ainsi briser la Ligue, mais ces meurtres n’eurent pour effet que d’exacerber la colère catholique.

Un assassinat pour rien

Loin de stabiliser le royaume, l’assassinat des Guise plongea la France dans un chaos plus profond. Paris se souleva contre le roi, la Ligue se radicalisa, et Henri III, devenu persona non grata parmi les catholiques, dut s’allier avec Henri de Navarre, chef des protestants. Ce renversement d’alliances annonçait la fin des guerres de religion et l’avènement d’Henri IV, qui pacifierait le royaume en se convertissant au catholicisme en 1593.

Ainsi, les conflits du XVIe siècle furent marqués par des ambitions personnelles et des rivalités religieuses, où chaque événement résonnait à l’échelle de l’Europe entière.

Illustration : Portrait en buste du roi Henri IV portant en écharpe la bannière blanche et la croix de l'ordre du Saint-Esprit