Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur les Premiers Capétiens pour découvrir les moments clés de cette période fondatrice de l’histoire de France.
Hugues Capet, Duc des Francs
Le domaine royal, au XIe siècle, était réduit à une mince bande de terre, témoignant de l'impuissance manifeste des rois face à la montée de la féodalité. Pourtant, la dynastie fondée par Hugues Capet réussit à survivre. Ce dernier, fils de Hugues le Grand, duc des Francs, se distingua par une politique astucieuse, alternant fidélité apparente et opposition aux Carolingiens. Maître d'un vaste territoire autour de Paris, Hugues Capet poursuivit une stratégie subtile, évitant les confrontations directes mais affaiblissant continuellement la dynastie carolingienne. À la mort du roi Louis V, qui ne laissait pas d'héritier direct, les conditions étaient réunies pour son accession au trône.
Intrigues et alliances
Hugues Capet obtint l'appui de puissants alliés, notamment de l'archevêque Adalbéron de Reims et de son secrétaire Gerbert. Il gagna aussi le soutien du clergé par ses actes pieux et généreux, en particulier envers les monastères. Cependant, le duc des Francs ne prit pas immédiatement le pouvoir, préférant les intrigues diplomatiques à l'affrontement ouvert. Sa prudence et son hésitation furent finalement balayées par la mort soudaine de Louis V en 987, ouvrant la voie à son couronnement.
L'élection royale de 987
Réunis à Senlis, barons et évêques choisirent Hugues Capet au détriment de Charles de Lorraine, dernier prétendant carolingien. Cette élection marqua clairement la préférence de l'aristocratie féodale pour un candidat fort et enraciné territorialement plutôt que pour un héritier légitime mais faible. Couronné roi à Noyon, Hugues Capet prononça un serment centré sur ses devoirs envers l'Église, illustrant la dimension ecclésiastique de son pouvoir nouvellement acquis.
Luttes pour affermir la royauté
Cependant, sa royauté fragile nécessita immédiatement de solides renforts. Dès décembre 987, il associa son fils Robert au trône. Les hostilités avec Charles de Lorraine furent âpres. Après plusieurs revers militaires, Hugues dut recourir à la trahison de l'évêque de Laon, Ascelin, qui captura le prétendant carolingien par surprise en 990. Charles emprisonné, le Capétien put enfin stabiliser sa royauté, écartant également l'archevêque Arnoul de Reims pour installer Gerbert à sa place.
Une royauté limitée mais reconnue
À son avènement, Hugues possédait un territoire fortement amoindri, ayant cédé de nombreuses terres à ses alliés. Néanmoins, son autorité fut rapidement reconnue par la plupart des grands vassaux. Même si sa domination était plus théorique qu’effective, elle était admise jusqu'au sud, en Aquitaine, et jusqu'au-delà du Rhône. Malgré ses efforts pour maintenir l'unité théorique du royaume, l'indépendance féodale était irréversible.
Relations avec le pape et l'empereur
Le règne d'Hugues Capet fut marqué par des tensions avec le pape et l'empereur germanique. Le roi tenta de préserver l'indépendance de l'Église de France, s'opposant aux interventions de Rome et de l'Allemagne dans ses affaires intérieures, notamment à propos de l'archevêché de Reims. Le Capétien chercha même une alliance diplomatique avec Constantinople contre l'empire germanique, sans succès tangible cependant.
La fin du règne et transmission de la couronne
Dans les dernières années de son règne, Hugues Capet, devenu plus ferme et plus sage dans l’exercice du pouvoir, réussit à transmettre la couronne à son fils Robert sans véritable contestation. À sa mort en 996, il laissa derrière lui une dynastie durablement implantée, bien qu'encore faible politiquement.
Robert le Pieux : roi lettré mais impuissant
Robert II, successeur d’Hugues Capet, fut un roi cultivé, passionné de théologie et de musique. Ses règnes furent troublés par des conflits familiaux violents, notamment avec sa femme Constance de Provence. Malgré des entreprises militaires notables comme la conquête du duché de Bourgogne, Robert se montra faible face aux seigneurs féodaux et à la papauté, ce qui affaiblit davantage l'autorité royale.
Henri Ier : courage et lutte contre la féodalité
Le règne d'Henri Ier (1031-1060) fut caractérisé par d’intenses conflits féodaux, en particulier contre les comtes de Blois et les ducs de Normandie. Courageux mais finalement impuissant, Henri Ier ne put empêcher la montée en puissance des seigneuries indépendantes et la diminution continue de l’autorité royale, même s’il tenta quelques interventions notables comme en Lorraine.
Philippe Ier : déclin moral et politique
Philippe Ier (1060-1108) symbolise le point bas de la dynastie capétienne, marqué par la corruption morale, les conflits ouverts avec l'Église et une attitude opportuniste. Son mariage scandaleux avec Bertrade de Montfort et ses affrontements incessants avec les Anglo-Normands affaiblirent durablement sa crédibilité. Malgré quelques annexions territoriales opportunistes, son règne illustre surtout l’affaiblissement radical de la monarchie française face à la féodalité triomphante.
Une royauté théorique et fragile au XIe siècle
Malgré l'apparence majestueuse conservée par les premiers Capétiens, leur pouvoir réel était extrêmement limité. Rois nomades, vivant de ressources maigres, ils dépendaient étroitement de leurs vassaux et du clergé. Si théoriquement ils étaient les héritiers directs des Carolingiens, ils n'avaient plus la capacité d'exercer pleinement leur autorité. Ce contraste saisissant entre grandeur formelle et faiblesse réelle caractérise profondément la monarchie du XIe siècle.
Illustration : Henri Ier, Roi de France (1031–1060)
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