Retrouvez l'ensemble de nos articles de blog sur les Premiers Capétiens pour découvrir les moments clés de cette période fondatrice de l’histoire de France.
Le morcellement du pouvoir capétien
Au XIe siècle, le roi Capétien ne règne plus que sur un domaine restreint centré autour de l’Île-de-France, encerclé par de puissantes seigneuries. Paris et Orléans, des centres intellectuels et stratégiques, demeurent ses atouts, tandis que de petits châtelains contestent son autorité même dans ses propres terres. Les grands fiefs qui se dressent alentour limitent davantage sa puissance.
Nord et Midi : deux Frances, deux mondes
La France du Nord s’impose comme le cœur politique et religieux du royaume, où la féodalité et l’Église dominent. Des principautés puissantes comme la Flandre, l’Anjou ou la Normandie y prospèrent. Au sud, la France du Midi reste morcelée par les montagnes et les vallées, abritant des seigneuries isolées et sans véritable centre politique. Le Midi, tourné vers la Méditerranée, conserve une civilisation plus tolérante, une bourgeoisie influente, et la survivance du droit romain. L’opposition entre Aquitains et Français est marquée : autres langues, autres mœurs, presque une autre nation.
Les grandes seigneuries du Nord
Flandre s’étend sur une terre prospère, peuplée et tournée vers la mer du Nord. Sa population, ses villes commerçantes et ses lignées de châtelains en font un fief compact, appelé à un brillant avenir.
Normandie porte l’empreinte des envahisseurs scandinaves, profondément transformés par la culture gallo-franque. Grâce à l’absence de grandes baronnies rivales et à une politique ducale autoritaire, la Normandie devient un duché solide, christianisé, mais qui garde des liens avec son passé viking.
Blois et Champagne forment des possessions morcelées mais stratégiques. Les comtes de Blois, rivaux du roi, restent des adversaires déterminés de la royauté.
Anjou se distingue par l’unité de son fief et l’habileté de ses comtes à s’agrandir au fil des siècles, s’opposant sans relâche à la Normandie, la Bretagne et le Poitou.
Bretagne reste une nation à part, féodale mais marquée par une organisation tribale et ecclésiastique originale, jalouse de son autonomie face aux influences normandes ou françaises.
Bourgogne voit ses ducs capétiens lutter contre la féodalité locale et le clergé, maîtres des abbayes et véritables puissances du duché.
Les grands fiefs méridionaux
Aquitaine est le plus vaste État féodal de France, abritant une mosaïque de peuples, de seigneuries puissantes et de sanctuaires. La diversité y règne, tant dans les idiomes que dans l’organisation politique.
Gascogne se rattache autant à l’Espagne qu’à la France, morcelée entre des comtes et vicomtes indépendants. La société gasconne, encore turbulente, reste difficile à unifier.
Toulouse domine le Languedoc, foyer d’indépendance féodale où l’autorité royale n’est guère reconnue. Les comtes agissent en quasi souverains, peu enclins à se soumettre à Paris.
Barcelone enfin, bien que catalan et tourné vers l’Espagne, garde des liens étroits avec la France jusqu’au XIIe siècle. L’unité du comté reste fragile, entravée par le partage des terres entre héritiers.
Portraits de grandes dynasties
La Flandre, sous Baudouin de Lille et Robert le Frison, impose sa marque en multipliant alliances et conquêtes, résistant tant à l’Empire qu’au roi de France. En Normandie, la dynastie des ducs, de Rollon à Guillaume le Conquérant, s’affirme par son pouvoir centralisé et ses alliances avec les Capétiens. Les comtes d’Anjou, de Foulques Nerra à Geoffroi-Martel, bâtissent leur État par la guerre et la diplomatie, tandis qu’à Blois, Eude II incarne l’aventurier féodal, multipliant les guerres et les ambitions jusqu’à sa chute. En Bourgogne, Robert le Vieux illustre la violence et la turbulence de la noblesse locale, tempérée par la puissance des abbayes.
Vers la nation française ?
Cette France seigneuriale n’est encore qu’un assemblage de patries locales. Le sentiment national n’est qu’embryonnaire, limité par des frontières mouvantes et des ambitions personnelles. Les ducs et comtes du XIe siècle, souverains sans véritable administration, vivent pour la conquête plus que pour le gouvernement. De ce chaos féodal émergera, lentement, la nation française.
Illustration : Grandes Chroniques de France, XIVe siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France, détail d'une enluminure, Manuscrit Français 2615, folio 148 verso.
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